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Le grand retour du flétan atlantique

Le grand retour du flétan atlantique

Le flétan fait un retour spectaculaire dans les eaux du Saint-Laurent. Ce géant des profondeurs prend tout le monde par surprise, y compris les scientifiques.

Sur le quai de Rivière-au-Renard, près de Gaspé, le capitaine Jean-François Côté a du mal à contenir sa joie. Il rentre de Harrington Harbour, sur la Basse-Côte-Nord. Sa cale déborde de gros flétans.
« Certains font plus de 150 livres, lance-t-il fièrement. On a pris notre quota en trois jours. C’est du jamais vu. »
Le capitaine a de quoi se réjouir. Le flétan atlantique est actuellement l’espèce la plus lucrative sur les marchés. Et depuis quelques années, le Saint-Laurent regorge de flétans.
Voilà plus d’un demi-siècle que le flétan du golfe se fait rare. En 1950, les captures étaient à leur sommet. C’était l’âge d’or de cette pêche. Mais, très vite, le stock décline en raison notamment de la surpêche.
Il faudra attendre le début des années 2000 avant que les captures des pêcheurs ne recommencent à grimper.
Mais comment expliquer un tel retour? « On ne connaît pas encore les causes exactes, raconte Dominique Robert. Mais on observe qu’il y a un réchauffement des eaux depuis 2005. Ça correspond au moment où les espèces d’eau chaude comme le flétan ont commencé à revenir en abondance. »
Pour les scientifiques, la rapidité avec laquelle les pêcheurs atteignent leur quota de pêche ces années-ci est un bon indice de l’abondance du flétan.

Un manque de connaissances
Mais cet indice ne suffit plus. Avec un stock en pleine expansion, les chercheurs avouent leur manque de connaissances pour gérer de façon durable cette ressource.
« Ça prend maintenant un relevé qui soit spécifique au flétan du golfe, confirme Dominique Robert. Présentement, nous ne sommes pas en mesure de fixer des quotas de pêche qui sont représentatifs de l’abondance réelle de ce stock. »

L’alliance entre la science et les pêcheurs
Pour combler ces lacunes, Pêches et Océans Canada a démarré un des plus importants programmes de recherche jamais entrepris sur le flétan du golfe. Et les pêcheurs sont de la partie.
Ensemble, ils captureront des dizaines de flétans sur trois ans pour les munir d’étiquettes et ainsi établir avec précision l’abondance et la distribution du poisson dans le golfe.

Des mœurs encore mystérieuses
Pour sa part, Dominique Robert est chargé d’étudier les mœurs du flétan.
À l’aide de bouées satellites ultra-sophistiquées qu’il installe sur les poissons, il suivra à la trace les allées et venues des flétans.
Le chercheur a déjà fait l’exercice il y a quelques années avec des flétans capturés à Terre-Neuve. Ce travail lui a permis de percer les tout premiers secrets de ce mystérieux poisson.
« On a démontré que les flétans se rassemblent en hiver pour pondre dans les profondeurs du chenal laurentien. C’était encore inconnu jusqu’ici. C’est important si on veut protéger les aires de fraies du poisson », fait remarquer le chercheur.

En route vers l’écocertification?
Les stocks de flétans du Pacifique et du plateau néo-écossais dans l’Atlantique font déjà l’objet de suivis minutieux par les scientifiques.
Celui du golfe est actuellement le seul stock canadien de flétan à ne pas posséder son propre relevé scientifique.
Or, sans un relevé scientifique dédié au flétan du golfe, impossible pour l’industrie d’obtenir l’incontournable certification de pêche durable.
« J’ai de plus en plus d’acheteurs qui me demandent si j’ai une certification. C’est un frein actuellement pour mes ventes », lance Dann Normand, propriétaire de l’usine Cusimer à Mont-Louis.
Dominique Robert est également d’avis que l’industrie du flétan n’échappera pas à la tendance mondiale de la certification.
Le chercheur affirme du même souffle que ces suivis scientifiques sont plus que jamais nécessaires compte tenu des bouleversements du climat et de ses répercussions sur les océans.
« Qui sait si les conditions environnementales dans le golfe ne seront pas défavorables au flétan dans le futur. On aura alors les outils pour réagir et éviter de surpêcher la ressource », termine le chercheur.

Sources : La Semaine verte - Radio Canada

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