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L’épave de l’Empress of Ireland célèbre son 100e anniversaire

L’épave de l’Empress of Ireland célèbre son 100e  anniversaire

Étrange destin que celui des épaves. Le paquebot de 168 m du Canadien Pacifique ne serait jamais devenu une attraction internationale sans ce naufrage éclair dans la nuit du 29 mai 1914 au large de Sainte-Luce. L’Empress of Ireland agonise en 14 courtes minutes et emporte avec lui 1012 victimes, le Canada ne connaîtra jamais pire catastrophe maritime. La guerre efface le naufrage et l’on oublie pendant 50 ans ce grand navire qui faisait le lien entre Liverpool et Québec à partir de 1906 et qui aura transporté près de 180 000 passagers, parmi eux nombre d’immigrants. On estime aujourd’hui qu’environ 1 million de Canadiens sont des descendants des passagers arrivés à bord de l’Empress of Ireland de 1906 à 1914.

En 1964, un groupe de plongeurs amateurs de l’Outaouais parvient à identifier le site où repose l’épave par 40 m de fond en remorquant une ancre grappin. Personne n’a visité le navire depuis que les scaphandriers mandatés par le Canadien Pacifique en 1914 ont dynamité la coque pour récupérer le contenu du coffre-fort et les sacs de courrier. Dès lors, les plongeurs sportifs, fascinés par l’épave du paquebot océanique, vont se dépêcher sur ce site unique dans le monde. Débute alors une longue série de prélèvements d’objets et d’artefacts par les plongeurs sportifs. L’un deux, Philippe Beaudry, après plus de 600 plongées sur le navire, accumule un considérable butin dont il cède la majeure partie au Musée canadien de l’histoire de Gatineau en 2012. Les centaines de pièces remontées à la surface se sont éparpillées sans qu’on puisse en suivre vraiment la trace. On retrouve malgré tout quelques-unes d’entre elles au Musée maritime du Québec et au Site historique maritime de la Pointe-au-Père. En raison des conditions difficiles qui prévalent sur ce site, situé à un peu plus de 4 milles au large de l’anse aux Coques, cinq plongeurs sportifs paieront de leur vie leur attraction pour l’épave du paquebot.

En 1999, le gouvernement du Québec classe enfin l’épave à titre de bien culturel. Dix ans plus tard, le Canada en fait un Lieu historique national. Tout prélèvement sur l’épave doit désormais faire l’objet d’une demande de permis et la Garde côtière mouille une bouée spéciale qui signale l’épave. Finalement, on met sur pied un Comité de protection et de mise en valeur de l'Empress of Ireland.

Trop peu trop tard ? Oui si l’on prend en considération les centaines d’objets sortis du domaine public, mais la fréquentation de l’épave finira aussi par générer des effets positifs à long terme. Lors de sa participation au Bar des Sciences, enregistré par Radio Canada le 29 mai dernier au Musée maritime du Québec, Jean-Pierre Poirier, plongeur sportif, s’est décrit lui-même comme «un pilleur d’épaves de 1960 à 1975». Par la suite, il a trouvé la collaboration avec les archéologues plus valorisante que la collecte sauvage d’artefacts. Pour Marc-André Bernier, chef du Service d’archéologie subaquatique de Parcs Canada, la bonne relation avec les plongeurs sportifs est devenue un incontournable. «Nous sommes huit archéologues sous-marins pour l’ensemble du territoire canadien, nous avons vraiment besoin de la collaboration du milieu pour nous aider à faire notre travail» explique-t-il.

L’épave mythique aura certainement fait œuvre éducative en rapprochant les passionnés du monde sous-marin, amateurs et professionnels. Elle aura aussi servi à faire évoluer les mentalités et à valider le bien fondé de la protection d’un site archéologique. Une leçon bien comprise à Rimouski.

 Une nouvelle campagne de fouilles cet été

Une équipe de sept archéologues-plongeurs de Parcs Canada a débuté une mission au mois de mai afin de documenter le site sur une superficie de 2 km2. L’équipe dirigée par Charles Dagneau a mené une campagne de télédétection en promenant sonars latéraux et magnétomètre au-dessus de l’épave afin de cartographier le champ de débris et d’étudier la formation du site. Ces données devraient permettre de documenter plus précisément la séquence du naufrage. Un second volet de la campagne se tiendra du 8 au 30 juillet. Les plongeurs chercheront à documenter l’état de la structure du navire dont la dégradation s’accélère. Les archéologues déploieront pour la première fois un ROV (Remotely Operated Vehicle) un véhicule téléguidé sous-marin ainsi qu’un drone sous-marin téléguidé, non relié à la surface. « Personne ne s'est attardé encore à voir s'il y avait des débris de la collision de l'Empress of Ireland avec le charbonnier Storstad en 1914, ni des débris liés au fait que le navire s'est renversé et a chaviré avant de couler» explique le chef de mission. « Ça va prendre plus que quelques plongées pour bien comprendre le navire et les dynamiques qui affectent un navire de 550 pieds de long» conclut M. Dagneau.

 

Les activités commémoratives

 • Musée maritime du Québec - L’Islet-sur-Mer

Une série de cinq conférences gratuites sur l’Empress of Ireland se tiendra sur la terrasse du musée sur une formule de 5 à 7 tous les vendredis du 4 juillet au 8 août. Notre collaborateur Alain Franck débutera avec une présentation sur les charbonniers et les dangers de la navigation au début du XXe siècle.

• Site historique maritime de la Pointe-au-Père - Rimouski

Mise en ligne d’un site Internet commémoratif www.empress2014.ca.

Le musée a aussi inauguré un nouvel espace d’exposition multifonctionnel, le Hangar 14 où il présentera une nouvelle exposition sur la vie au Québec à l’époque de l’Empress of Ireland.

 • Musée canadien de l’histoire - Gatineau

Présentation de l’exposition Empress of Ireland, le Titanic canadien. Cette exposition présente une partie de la collection de 400 objets remontés par les plongeurs. 

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