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Le nouveau First 36 signé Samuel Manuard

Samuel Manuard figure dans le club très restreint des architectes navals qui tiennent actuellement le haut du pavé dans le monde de la course au large. L’IMOCA L’Occitane qu’il a signé pour Armel Tripon lors de la dernière édition du Vendée Globe a fait tourner bien des têtes. Plusieurs autres commandes de 60 pieds sont arrivées dans la foulée et le chantier Bénéteau n’a fait que suivre le courant en embauchant Manuard pour cette nouvelle carène de 11 m.

Samuel Manuard était déjà l’architecte du chantier slovène Seascape pour sa brillante gamme sportive de 14 à 27 pieds. Bénéteau a d’ailleurs racheté la marque en 2028 pour lui coller aussitôt le logo First. À partir de là, rien de plus naturel que de laisser deux acteurs qui avaient fait leurs preuves continuer à travailler ensemble sur ce projet de nouveau 36 pieds.

Comme ses petits frères slovènes, la coque est construite en infusion. Un net gain de poids et de raideur de la structure. Samuel Manuard confie volontiers qu’il s’est largement inspiré de son expérience dans la conception des Class 40 où il a connu beaucoup de succès avec ses Mach 40. La filiation est effectivement perceptible, toutes proportions gardées. Avec un déplacement de 4,8 t pour une surface de voilure au près de 80 m², le First 36 affiche un rapport poids/puissance éloquent. Un Océanis 37 pèse presque 2 tonnes de plus pour une surface de voilure inférieure de 5 m²! Et si on le compare plus justement avec son prédécesseur, le First 36.7 qui a connu une belle carrière, on gagne la bagatelle d’une tonne. Et 60% de plus de voilure au portant que sur le plan de Bruce Farr. Il n’y a rien d’autre à expliquer. De toute évidence, on n’a pas cherché à plaire à tout le monde et son voisin, mais plutôt conçu délibérément une véritable unité de course-croisière capable d’afficher du muscle.

Le plan de pont est fluide, sans fioriture. On apprécie les winchs du foc solent à l’intérieur du passavant et suffisamment dégagés de la banquette du cockpit pour les actionner en position debout. Le gréement poussant se passe de bastaques et possède un palan de pataras en cascade en mesure de cintrer le mât dans la brise pour absorber les volumes de la grand-voile. La position du barreur est confortable avec des barres à roue assez hautes et un bon cale-pied pour rester au vent.

Ce plan Manuard va grimper à plus de 7 nœuds au près et ne se gênera pour planer au-delà de 15 au portant. La légèreté paie et c’est grâce à des aménagements confortables, mais épurés au maximum que l’on a conservé un déplacement le plus bas possible. Ces aménagements sont d’ailleurs en composite et eux aussi laminés en infusion. Les volumes sont là et on remarque quelques astuces intéressantes, comme le réfrigérateur installé dans un bloc central à tribord de la cuisine et qui peut se relier au comptoir avec une planche. Ou encore, l’évier de la salle de bains qui bascule et se range verticalement contre la cloison. Une marque distinctive du savoir-faire des Slovènes que l’on avait remarqué sur les Seascape.

Le chantier a livré une très jolie copie et Bénéteau a réussi son coup une fois de plus. Ça mérite un coup de chapeau à M. Manuard.

 Longueur coque : 11 m

Maître-bau : 3,80 m

Tirant d’eau : 2,25 m

Déplacement lège : 4800 kg

Surface de voilure au près : 80 m²

Surface de voilure au portant : 180 m²